18 juin 1923. Naissance de Jean Delumeau
Jean Delumeau (1923-2020)
Titulaire de la chaire d’histoire des mentalités religieuses de l’Occident moderne au Collège de France, ce penseur éclairé et intègre a mis au jour les mécanismes de la « pastorale de la peur » qui imprégna longtemps le christianisme (« La peur en Occident »). Il a écrit sur le Paradis et sur la déchristianisation en Occident : « Le Christianisme va-t -il mourir ? (1977).
Citations :
« le message évangélique est intact. Il est simplement dissimulé derrière trop de structures, trop d’autorité… »
« Je suis convaincu par les Évangiles. D’eux, je prends tout. Ce sont des textes boussole et j’aimerais que mes actions n’aillent pas contre l’aimant de cette boussole. Et puis je suis convaincu de la divinité du Christ. C’est elle qui me permet de croire à la Résurrection. Et donc au paradis. »
« Dites-moi comment on pourrait exclure de son champ de recherches le christianisme quand on garde à l’esprit que depuis l’origine, cette religion s’est toujours déclarée liée au destin global de l’humanité ? Comment ne pas constater que cette religion est aujourd’hui attaquée de tous côtés ? Comment ne pas étudier ce phénomène de déchristianisation du monde qui me semble le fait majeur de notre époque ? »
(cité par Christiane Rancé, « Pour saluer Jean Delumeau », La Croix du Jeudi 16 janvier 2020).
Le texte de Jean Delumeau qui a été lu pour ses obsèques :
« J’aimerais être assez conscient pour redire la parole du Sauveur : « Père, entre tes mains, je remets ma vie. »
Ma vie a eu ses peines et ses joies, ses échecs et ses succès, ses ombres et ses lumières, ses fautes, ses erreurs et ses insuffisances, et aussi ses enthousiasmes, ses élans et ses espérances.
J’ai terminé ma course. Que je m’endorme dans ta paix et dans ton pardon ! Sois mon refuge et ma lumière. Je m’abandonne à toi. Je vais entrer dans la terre. Mais que mon ultime pensée soit celle de la confiance.
Puis-je alors me rappeler le verset cité par saint Paul : « Éveille-toi, ô toi qui dors, lève-toi d’entre les morts et que le Christ t’illuminera ! » Sur ta parole, Seigneur, je crois que je revivrai avec tous les miens et avec la multitude de ceux pour qui tu as donné ta vie. Alors, la terre sera rénovée et réhabilitée et il n’y aura plus ni mort, ni peur, ni larmes. »
Trois citations du « Christianisme va-t-il mourir ? » :
"Comme “corps constitué, la chrétienté s’est constamment démentie elle-même, quelles qu’aient été la foi, la piété et la charité de nombreuses personnes prises en particulier. (...) Elle n’a jamais été vécue-et elle ne pouvait pas l’être- dans une unanimité de convictions et surtout de comportements. De ce point de vue, qui est celui qui nous importe le plus au XXe siècle, elle a été un projet; un rêve qu’on a pris pour une réalité" (p.41)
“Parce que le christianisme a été au pouvoir” tout au long du Moyen-Âge “et s’est confondu avec l’État, il est devenu totalitaire et a persécuté tous ceux qui s’écartaient de la doctrine officielle. Pendant de longs siècles, on estima, au plus haut niveau, qu’en terre de chrétienté, quiconque n’adhérait pas à la Vérité n’avait pas le droit de vivre." (p.55)
Le “Dieu des chrétiens était autrefois beaucoup moins vivant qu’on ne l’a cru et (..) il est aujourd’hui beaucoup moins mort qu’on ne le dit.” (p.149)