Jean de La Fontaine (1621-1695), est un poète français de grande renommée, principalement pour ses Fables.
La Fontaine (1621-1695) et les protestants
Attiré par le monde littéraire parisien, le futur fabuliste fréquente le salon des «nouveaux chevaliers de la Table ronde», du nom de la taverne qui accueillait leurs réunions. Il y rencontre quatre figures protestantes, lesquelles resteront ses amis toute sa vie.
-Valentin Conrart, à qui Richelieu demandera de créer les statuts de la future Académie française, fut le seul de ce quatuor à ne jamais abjurer.
-Gédéon Tallemant des Réaux dont la fin de sa vie fut très assombrie par des déchirements familiaux. Sa femme abjure le protestantisme en 1660. Sa fille par contre voulant rester fidèle à sa foi réformée est expulsée ; lui- même se convertira en 1684.
-Paul Pellisson connut la prison pour avoir été secrétaire de Fouquet, également ami de La Fontaine, puis fut biographe de Louis XIV.
-Quant à Antoine de Rambouillet de La Sablière, il recevait dans son domaine tous les ambassadeurs des pays protestants avant qu’ils n’entrent dans Paris. Son épouse, Madame de La Sablière, hébergea le fabuliste durant vingt ans à partir de 1673. «Entré à l’Académie française, La Fontaine écrira une ode à sa protectrice.
À la mort de celle-ci en 1693, il trouva refuge chez Anne d’Hervart, dont il avait rencontré le père au château de Vaux. Anne Herwart était le fils du luthérien d’origine allemande, Barthelémy Herwart (1607-1676), banquier de Louis XIII et de Louis XIV, et qui finit sa carrière en tant que contrôleur général des finances sans jamais renier sa foi. Barthélemy Hervart né à Augsbourg le 16 août1607, avait à plusieurs reprises sauva la monarchie française, par des prêts importants durant la Fronde et au moment de l'arrestation de Fouquet.
Anne Hervart († 1700) s'était converti au catholicisme en novembre 1685. Il était conseiller au parlement de Paris. Il a hérité de l'hôtel d'Hervart que son père avait fait construire..
C’est dans l’hôtel particulier d’Anne Herwart que Jean de LA Fontaine rendit son dernier soupir en 1695. En bon catholique, «après s’être repenti de tous ses excès ».
La sœur et la nièce de ce Monsieur Anne Hervart ont voulu rester protestantes et se sont exilées en Angleterre :
-Sa sœur, Esther Herwart (1637 - Londres 15 juillet 1722) mariée le 22 février 1656 avec Charles de la Tpur du Pin, marquis de Gouvernet. Elle a été autorisée à quitter la France pour l'Angleterre en 1686 sous condition de laisser ses enfants en France. Elle est naturalisée anglaise par lettres-patentes royales du 16 janvier 1691. Elle est connue en Angleterre sous l'appellation de Madame de Gouvernet après 1716.
-Sa nièce (fille de sa sœur Esther), Esther d'Eland (30 décembre 1665-1694) mariée avec Henry Savile (1661-1687), Lord Eland, fils aîné et héritier présomptif de George Savile, marquis de Halifax. Elle fut inhumée à l'abbaye de Westminster le 26 mai 1694. Sa grand-mère et sa mère qui l'avaient rejointe en Angleterre après la Révocation de l’Edit de Nantes, y ont aussi été inhumées.
« La Fontaine estimait que cette Révocation n’était pas une bonne chose parce qu’elle apportait du trouble dans la vie de gens qu’il aimait et du même coup dans la sienne. Il s’est tu prudemment. »
Outre les compagnonnages intellectuels et la protection de familles généreuses, La Fontaine put profiter des réseaux protestants pour la circulation de certaines de ses œuvres. Et c’est ainsi que La Fontaine se tourna alors vers les imprimeurs protestants d’Amsterdam.
Deux peintres et graveurs protestants, Tony Johannot et Karl Girardet, illustrèrent les célèbres fables au 19e siècle.
La Fontaine ne s’est jamais intéressé aux querelles théologiques. « Il était critique de l’absolutisme royal, mais toujours de manière allusive, sans prendre de risque. N’oublions pas le contexte historique, à la veille de la révocation de l’édit de Nantes. La Fontaine partageait avec les protestants « l’indépendance d’esprit et l’amour de la liberté ».