1 Juin 1641. Madame des Loges
Marie des Loges, née Bruneau en 1585 à Troyes et morte le 1 juin 1641
Madame des Loges (en face du 8 rue de Tournon) 8 rue de Tournon : Emplacement de la demeure des Beringhem, valets de chambre d’Henri IV et de Louis XIII.
En face c’était la maison de Madame des Loges (vers 1584-1641) Marie de Bruneau, épousa en 1599, Charles de Rechignevoisin, sieur des Loges, qui fut nommé, quatre ans plus tard, gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi Henri IV.
Son salon de la rue de Tournon fut, pendant un quart de siècle, le rendez-vous des hommes distingués du temps, écrivains, causeurs, amateurs de belles-lettres. Elle avait un album rempli de vers de ses amis, au frontispice duquel on lisait, des vers de la main de Malherbe.
On l'appelait « la céleste, la divine, la dixième muse ». On louait sa grâce, son esprit vif et accort, la largeur et la netteté de ses vues, la rectitude de son jugement.
Elle resta toute sa vie une huguenote convaincue. D'ailleurs son salon accueillait surtout des fervents du protestantisme. Ce fut l'une des causes de son exil à Rochechouart, en Limousin.
Après 1629.Conrart, qui la connaissait bien, lui a rendu ce témoignage : « Elle avait un courage plus que féminin, une constance admirable en ses adversités, un esprit tendre en ses affections et sensible aux offenses, mais attrempé d'une douceur et facilité sans exemple à pardonner, et en tous ses maux d'une résignation entière à la volonté de Dieu et d'une ferme confiance en sa grâce».
Nous avons d'elle quelques lettres remarquables. En voici une adressée, vers 1628, au fils de sa soeur, Henri de Beringhen, qui se préparait à abjurer le protestantisme. Voyez le soin qu'elle prend de montrer comment la foi huguenote, loin « de ne pouvoir être incompatible avec le service du roi, rend plus que toute autre l'obéissance sacrée.
« Je n'ignore point aussi que vous avez l'honneur d'être non seulement sujet, mais domestique d'un grand roi, de qui le service semble à quelques-uns ne pouvoir être compatible avec votre créance. Mais qui sait mieux que vous qu'il n'y en a aucune qui enseigne plus religieusement et commande plus exactement le devoir et l'obéissance des inférieurs envers leurs supérieurs, que la nôtre ? que ceux qui en font profession véritable ne peuvent, par qui ni en quelque façon que ce soit, être dispensés de cette obligation d'autant plus forte en nous que nous la croyons moindre en toute autre religion ? De sorte que, si vos actions répondent à la profession en laquelle Dieu vous a fait la grâce d'être né et élevé, votre roi se trouvera servi de vous avec fidélité et avec une passion très forte en tout ce qui regarde votre légitime vocation ; qui est tout ce qu'il peut désirer de vous, les consciences étant du ressort de l'empire du Dieu souverain et du tout libres de la juridiction des hommes... »