Grand-maman s’est endormie un matin de juillet. Elle venait de fêter ses cent ans.
Cela faisait longtemps qu’elle s’étonnait de ne pas avoir été invitée pour ce moment qu’elle attendait avec impatience. Elle se réjouissait tant de pouvoir aller à la rencontre de Jésus qu’elle aimait et en qui elle avait mis toute sa confiance depuis si longtemps. Sa joie débordante était mêlée à une paix surprenante, en particulier dans les derniers jours. Elle communiquait l’envie de partir avec elle ; elle m’a aussi donné envie de vivre comme elle.
J’aimais son regard clair, ses yeux pétillants, ses réflexions parfois incisives mais dénuées de méchanceté. Elle s’intéressait à l’actualité, aux souffrances du monde et des siens. Jamais on ne s’ennuyait chez elle.
Elle aimait lire et tout ce qu’elle trouvait intéressant était recopié dans des cahiers qui se multipliaient d’année en année. Le peu de biens qu’elle possédait était partagé à toute occasion, pour l’amour dont Dieu la comblait. Elle fredonnait des chants parlant d’espérance, récitait des textes de la Bible et répétait si souvent : « Ce sera beau là-haut, tous réunis dans le ciel de gloire. Dieu nous y prépare une place ! »
Témoin en tout temps
Très longtemps, elle a pu trottiner allègrement puis est venu le temps où un handicap a rendu nécessaire son admission dans une maison de retraite. Ce changement n’a pas entamé sa reconnaissance envers Jésus, son Seigneur, présent à ses côtés de jour comme de nuit. Jusque dans ses derniers jours, la joie et la paix qui l’animaient ont gravé en moi un souvenir impérissable. Les souffrances n’ont pourtant pas épargné sa vie : un veuvage prématuré, la perte d’une fille, la mort de deux jeunes petits-enfants. Rien de cela n’a diminué cette foi qui lui a permis de surmonter les moments douloureux.
On pourrait penser, qu’aveuglée par mon affection, j’en trace une image idyllique. Était-elle sans défaut ? Bien évidemment non ! Mais elle savait reconnaître ses erreurs, s’humilier, pardonner et demander pardon.
Ce 13 juillet, grand-maman s’en est allée, sans souffrance, pendant son sommeil. Son pèlerinage a pris fin. Elle a atteint le rivage qu’elle espérait tant. Alors que nous remerciions les infirmières pour leur gentillesse à son égard, l’une d’elles m’a répondu : « Ne nous remerciez pas, elle a été un cadeau pour nous ». Et d’ajouter : « elle a affermi ma foi. »
Ma reconnaissance va vers Celui qui, au travers d’elle, nous laisse une empreinte ineffaçable.