La maladie est apparue discrètement à l'adolescence : quelques douleurs articulaires que l'on avait mises sur le compte du sport... Elle a évolué lentement, atteignant d'abord le bassin, avec une douleur récurrente dans le bas du dos.
Aucun espoir permis
Vers la quarantaine, alors que la douleur et la raideur avaient fini par atteindre toute la colonne vertébrale, la cage thoracique, les mains et les pieds, la mâchoire parfois, sans compter d’autres troubles oculaires et digestifs, le diagnostic fut enfin posé. Les traitements lourds et souvent hospitaliers avaient perdu de leur efficacité. J’étais très fatiguée. La douleur écourtait mes nuits. De jolies cannes avaient fait leur apparition dans ma garde robe.
Une maladie chronique et dégénérative, c'est savoir que demain ne sera pas meilleur, puisque cela s'aggrave avec le temps.
Dieu dans la douleur
Pourtant, la présence lumineuse de Dieu s'est faite aussi progressivement plus forte en moi. J'ai découvert avec surprise une relation intime avec lui : une vraie conversation où l'on parle et écoute. Hyperactive, j'ai appris la tranquillité. Perfectionniste, j'ai appris à lâcher prise. Souvent mélancolique, j'ai appris la joie qui ne dépend pas des circonstances. Indépendante, je suis devenue dépendante de Dieu pour tout ; des autres aussi. Solitaire, Dieu a ouvert mon cœur et il m'a fait découvrir la richesse de l'amitié. Soutenue par toutes les prières persévérantes de ma famille, de mon Église, de mes amis, j’étais certes fragile et faible, mais paradoxalement, j'avais appris la présence de Jésus-Christ en moi. Un bien très précieux.
Dieu voudrait-il me guérir ?
Un jour, alors que le fauteuil roulant prenait de plus en plus de place dans mon quotidien, j’ai rencontré deux couples américains qui enseignaient que Dieu désire la guérison de l'être tout entier. Dieu voulait-il guérir aujourd'hui comme autrefois dans les évangiles ? Pouvais-je lui demander, après avoir guéri mon âme, de guérir mon corps d'une maladie qui ne se guérit pas ?
Ces amis m’ont imposé les mains. J'étais étonnée, mais cela m'a mise « en marche » intérieurement. J’ai lu les évangiles avec soif. Comment n’avais-je donc pas vu que Jésus guérissait ?
Est-ce que je veux vraiment guérir ?
J'ai compris que c’est parce que j’avais peur de rompre cet équilibre chèrement acquis de l'acceptation et de l'adaptation à la maladie que je n’avais sans doute pas demandé la guérison. Peur aussi de mettre Dieu à l'épreuve. Comment survivrais-je s'il ne me répondait pas ?
J’ai vu aussi ce lien étonnant qui revient souvent dans les évangiles entre pardon des péchés, foi, et guérison. J'ai décidé alors de prendre le risque de demander à mon Dieu de me révéler ce qui pouvait entraver ma vie. Il l'a fait et cela m'a menée à un moment de confession et de prière. C’était très inhabituel dans mon église et demande un dévoilement, de l'humilité ; ce n'est pas facile. Deux vieux amis ont accepté, et ce fut un moment très émouvant, de partage, de confession mutuelle de fardeaux qui pesaient secrètement sur nos vies, d'encouragement, de prière, apportant de la confiance et des liens profonds. Un poids tombait.
Le temps passe
La maladie s'aggravait encore. J'étais très fatiguée, je souffrais, et je devais me battre contre le doute. J’apprenais à faire le choix de la persévérance, la patience, la confiance absolue en un Dieu qui m'aime.
Et puis, en mai dernier, je me suis rendue à Lyon, en famille, à une grande rencontre sur la guérison. Je me sentais comme ces gens de l'Évangile qui venaient de loin pour rencontrer Jésus et être guéris. J'avais le sentiment diffus que la maladie avait été une extraordinaire école, mais que ce temps était fini.
Un jour…