Avant de clore, il nous reste à considérer un dernier mot de cette prière : « Amen ». Il ne lui est pas particulier, sans doute, mais il en fait quand même partie.
Il ne s’agit pas d’une formule plus ou moins magique que l’on ajoute à ses prières pour être plus sûr qu’elles seront exaucées ! Non, absolument pas ! Mais combien de ceux qui prient, comprennent ce qu’ils disent quand ils prononcent ce mot ?
En effet, c’est un des mots hébreux, qui subsiste tel quel, dans toutes les langues, sans être traduit, dans certains passages de la Bible. C’est un des rares mots que nous prononçons comme le Seigneur Jésus l’a prononcé.
À vrai dire, les textes originaux l’emploient plus que nous ne l’imaginons. Ainsi, chaque fois que dans nos traductions des évangiles nous lisons, par exemple : « En vérité, en vérité, je vous le dis », il y a littéralement « Amen, amen, je vous le dis ».
L’Ancien Testament nous montre que ce mot était essentiellement réservé à l’usage religieux. L’un des passages les plus caractéristiques à cet égard est celui qui nous présente les douze tribus d’Israël réparties sur les Monts Ébal et Garizim, au moment de l’entrée dans la terre promise. Six tribus étaient sur le Mont Ébal, six sur le Mon Garizim. La loi donnée par Dieu à Moïse pour son peuple, fut alors lue à haute voix. Et chaque fois que l’un des articles avait été ainsi énoncé, le peuple répondait en disant : « Amen ».
Le Nouveau Testament nous montre que, dans les églises de ce temps, l’« Amen » était aussi utilisé. Les participants au culte étaient invités à s’associer aux prières, aux actions de grâces de leurs frères, en disant : « Amen ».
Ce que veut dire « Amen »
Que veut donc dire cet « Amen », dont les chrétiens ont conservé l’usage. Quel est son sens, sa portée ? Car quand nous l’avons traduit par « en vérité » ou « qu’il en soit ainsi », nous n’avons fait que traduire. Le sens du mot, en effet, dépasse la traduction !
Parole de transition
« Amen ! », ce mot n’est pas le mot qui libère, qui finit. C’est bien plutôt une parole de transition, sinon même de commencement. Ce qui a été proclamé par des paroles, maintenant, à partir de ce moment, cela va être confirmé par des vies. Ainsi, quand les Psaumes disent : « Que toute la terre soit remplie de sa gloire ! Amen ! Amen ! », il est évident que ceux qui prient ainsi vont se mettre à l’œuvre pour que, dans la mesure où cela dépend d’eux, la terre soit remplie de cette gloire de Dieu !
Parole d’alliance
« Amen », c’est aussi une parole d’alliance. L’« Amen » nous lie, il ne nous dégage pas. Sur les Monts Garizim et Ébal, lorsque les tribus d’Israël scandaient bénédictions et malédictions, et qu’en face, les autres s’écriaient toutes ensemble : « Amen », ce n’était pas un jeu, un de ces mystères qui nécessitent une mise en scène grandiose. C’était un acte d’alliance : « Nous recevons les bénédictions promises ; elles sont assurées. Nous prenons Dieu au mot ; mais Dieu aussi nous prend au mot. En effet, malheur à nous car en vérité, les malédictions énoncées tomberont sur nous si nous nous détournons de l’alliance ».
Aujourd’hui, quand nous lisons la Bible, nous ne montons pas au Garizim ou en Ébal, mais le sérieux des promesses et des avertissements de Dieu n’a pas changé. Dire « Amen » à la Parole de Dieu lue, c’est déclarer : cette parole c’est vraiment la parole de l’Alliance entre Dieu et nous, entre Dieu et moi. Parole de l’alliance, qui me lie, qui m’attache à ce Dieu vivant !
Nous le comprenons bien, lorsque nous entendons l’Apocalypse rapporter que Jésus-Christ est « l’Amen ». En effet, il est bien notre trait d’union avec Dieu, celui qui nous apporte, qui établit l’alliance nouvelle et éternelle avec Dieu. Tous nos « Amen » trouvent donc leur sens et leur accomplissement en lui.
Parole d’engagement, d’obéissance
« Amen ! » c’est encore une parole d’engagement, d’obéissance. Cela veut dire : je ne retournerai pas en arrière. « L’Amen », c’est le pont, la porte de sortie, qui disparaît. J’irai en avant. Voilà ce que je veux. C’est ainsi, Oui, un oui énergique, définitif, vraiment oui ! Ce que j’ai dit, ma prière, ce ne sont pas des paroles en l’air aussitôt oubliées.
J’ai dit « Amen » au pardon que Dieu m’offre, c’est donc que je l’ai reçu et que je ne retourne pas dans le péché qui a nécessité ce pardon.
J’ai dit « Amen » à l’ensemble de cette prière, c’est donc que j’ai pris à mon compte tout ce que je répète après le Christ. C’est ma prière.
Et lorsque je dis « Amen ! Viens Seigneur Jésus », je n’emploie pas une formule. J’attends le Seigneur, je me prépare à l’accueillir, j’aspire ardemment à sa venue.
Parole de communion
« Amen ! », c’est enfin une parole de communion. Le culte chrétien est essentiellement communautaire. Nous rendons ensemble notre culte à Dieu et ensemble, à haute voix ou intérieurement, nous disons : « Amen » à la lecture de la Parole de Dieu, à la prédication de cette Parole, à la prière, qu’elle soit d’humiliation, d’intercession ou de reconnaissance. Nous y sommes ensemble. Nous faisons ensemble alliance avec Dieu. Nous nous engageons ensemble. C’est cela l’Église ! Des croyants qui, ensemble, disent : « Amen ».
Il est important que cet « Amen » sonne bien, sans fausse note, sans retenue, dans la communion réelle que donne le Saint-Esprit présent dans les cœurs.
Notre vie, un « Amen »
Vous l’avez compris : il ne s’agit pas seulement de bien dire notre prière. Il s’agit de la dire avec notre cœur, avec notre vie. C’est toute notre vie qui doit dire « Amen ».
Jésus dit à ses disciples : « Demeurez en moi ». C’est toute la Bible qui nous montre qu’en croyant en Jésus, le chrétien est devenu une nouvelle créature. C’est ce qui faisait dire à l’apôtre Paul : « Pour moi, vivre c’est Christ », et aussi : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi ». Pour lui, sa vie était cet « Amen ! »
Beaucoup d’autres après lui ont pu dire la même chose. Beaucoup, aujourd’hui, peuvent le dire, et ils le disent avec des accents de joie qui prouvent bien que c’est le meilleur qu’ils ont trouvé.
Et vous, pouvez-vous le dire ? Avez-vous remis votre vie au Christ ? Il est « l’Amen », c’est-à-dire « la vérité ».
Toute vie qui n’est pas entourée par la sienne, renouvelée par la sienne, vivifiée par la sienne, n’est pas une vraie vie. C’est l’apparence de la vie ; ce n’est pas vraiment la vie. La vie, c’est Christ. Elle n’est finalement qu’en lui.
Et c’est lui qui appelle tout homme en lui disant, en vous disant : « Venez à moi ».
Il appelle celui dont la vie est la plus misérable, comme celui qui pense que sa vie est la plus belle. Il nous appelle, qui que nous soyons.
Venez à lui, tel que vous êtes. S’il a souffert, s’il est mort sur la croix, lui juste pour les injustes que nous sommes, c’est pour nous donner une vie nouvelle ; c’est pour que nous puissions devenir enfants de Dieu. Ne restez pas dans l’isolement et la solitude ; ne restez pas orphelin. Si vous ne l’avez pas encore fait, entrez dans la grande famille des enfants de Dieu.
Si vous n’avez jamais fait une telle prière, dites simplement au Christ, lui qui a vaincu la mort et qui est éternellement vivant : « Seigneur Jésus, tel que je suis je viens à Toi ». Lui qui est amour et vérité, il vous recevra selon sa promesse.
Il reçoit toute personne qui se donne à lui. Alors vous pourrez dire et redire avec tous les croyants qui ont cru en Christ cette plus extraordinaire de toutes les prières.