Cerveau et responsabilité

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Cerveau et responsabilité

Nous sommes presque tous convaincus d’être libres et responsables, mais les neurosciences soulèvent des questions concernant la réalité du libre-arbitre. Le fait que les neurones et d’autres cellules de nos cerveaux fonctionnent selon les lois de la physique et de la chimie soulève la question de savoir si nos décisions sont entièrement déterminées par les lois impersonnelles de la nature. Et si c’est le cas, en sommes-nous responsables ? Cette question est un sujet de débat entre philosophes depuis longtemps, et ne semble pas être en passe d’être résolue. Pour cette raison, au lieu d’essayer de la résoudre dans ce texte bref, je me focaliserai sur la question plus restreinte de savoir si certains individus ont une responsabilité diminuée à cause d’anomalies cérébrales.

Pathologie cérébrale et responsabilité morale

Notre comportement moral dépend de l’activité de notre cerveau. Plusieurs régions cérébrales sont impliquées, mais surtout certaines parties du cortex préfrontal*. Les péripéties d'un instituteur à Charlottesville aux États-Unis l'illustrent : Il avait été un homme responsable et respectable jusqu'à ce qu’un changement bouleverse sa vie. À sa propre surprise, il a commencé à visiter des sites web de pornographie infantile et à visiter des prostituées. Ensuite, il a commencé à faire des avances sexuelles à sa belle-fille préadolescente, et sa femme a appelé la police. Il a été expulsé de sa maison, jugé coupable d’abus sur enfant et traité avec des médicaments contre la pédophilie. Il a dit qu’il trouvait son nouveau comportement totalement inacceptable, mais que son désir était plus fort que sa capacité de se maîtriser. Il a été expulsé d’un programme de réhabilitation comportementale parce qu’il proposait continuellement des relations sexuelles aux femmes, et a été condamné à la prison. Mais, la veille d’aller en prison, il s’est présenté dans un hôpital se plaignant de maux de tête et disant qu’il avait peur de violer la propriétaire de son logement. Une grosse tumeur cérébrale a été décelée dans le cortex préfrontal* droit. L'extraction de la tumeur a fait disparaître le comportement grivois ainsi que la pédophilie. Une année plus tard la tumeur commença à repousser, et les fortes pulsions sont revenues. L’enlèvement de la nouvelle tumeur a résolu encore une fois le problème.

On ne comprend pas exactement pourquoi la tumeur avait provoqué ces effets, mais des rapports confirment un rôle du cortex préfrontal* dans la maîtrise de soi. Il semble donc vraisemblable que la tumeur libérait des envies préexistantes en inactivant une région cérébrale nécessaire à leur inhibition. Bien que nous ne comprenions pas les détails, les cas comme celui-ci soulignent que la perturbation du fonctionnement cérébral affecte des processus non seulement sensitifs et moteurs, mais aussi la moralité elle-même.

Dans ce cas extrême, la responsabilité de l’instituteur est sans doute atténuée. Mais qu’en est-il de nous tous ? Sommes-nous nous aussi les victimes de nos cerveaux inadéquats ?

Le cerveau doit-il être traduit en justice ?

Si l’instituteur que nous venons de décrire avait cédé à ses pulsions de violer sa propriétaire, quelle aurait été l’attitude de la cour de justice ? Nous ne le savons pas mais les avocats ont de plus en plus recours à des arguments neuroscientifiques dans leurs plaidoyers pour essayer de faire admettre une responsabilité diminuée de leurs clients....

Auteurs
Peter CLARKE

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