« Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, leva les yeux vers le ciel et remercia Dieu pour ces aliments. Il les partagea et les donna aux disciples pour qu’ils les distribuent à la foule » (Luc 9.16)
Dans l’exercice du ministère, qui ne s’est jamais senti impuissant, incapable, face à l’ampleur de la tâche, face au puits, apparemment sans fond, des demandes et des besoins ? Nous avons bien peu à offrir, trop peu. Et pourtant, c’est avec ce minimum que Jésus peut et veut faire quelque chose de grand. C’est comme s’il nous disait : « Vous n’avez que cinq pains et deux poissons ? Très bien, voyons ce que nous allons pouvoir accomplir avec cela ! » Quand Christ nous demande de lui obéir et de le suivre, quand il nous appelle à son service, il nous dit ce que lui est prêt à accomplir avec le peu que nous avons. Il nous dit qu’il veut utiliser nos maigres apports pour faire lui-même ce que nous ne pouvons pas faire ou pourvoir à ce que nous n’avons pas, en vue de l’accomplissement de notre tâche.
Comment le fait-il ? En première lecture du récit de la multiplication des pains, on pourrait avoir l’impression que Jésus a pris les cinq pains et les deux poissons et qu’il les a multipliés d’un seul coup, créant deux énormes piles où les disciples pouvaient venir puiser. Or, il semble que c’est seulement quand les disciples ont commencé à distribuer les pains et les poissons que la multiplication a réellement commencé. Sans jamais que la manière de procéder soit expliquée, le texte montre que l’action de Jésus est continue (c’est ce qu’indique le temps du verbe donner en grec). Les disciples revenaient les mains vides vers Jésus, et ils repartaient les mains pleines pour servir, pour distribuer la nourriture. La multiplication se faisait quand les disciples revenaient vers Jésus.
J’ai parfois l’impression que ma vie et mon ministère seraient plus simples et plus efficaces si j’avais sans cesse à ma disposition une énorme pile contenant tout ce dont j’ai besoin pour le service : toute la connaissance, toute la sagesse, tous les biens matériels, tous les encouragements... Une pile intarissable dans laquelle je pourrais simplement venir piocher ce dont j’ai besoin. Or, le plus souvent, ce dont j’ai besoin à un moment précis, je ne l’ai pas à ma disposition avant que le Seigneur me le donne. J’ai besoin d’aller vers lui et de le lui demander. Et il y a là quelque chose d’assez frustrant parce que c’est quelque part une insulte à ma fierté, à mon orgueil, à mon désir de tout maîtriser. À chaque fois que je suis dans le besoin, je dois retourner vers le Seigneur pour recevoir de sa main ce qu’il veut me donner. Je préférerais ne jamais avoir besoin de rien. Je préférerais que tout soit pourvu d’un coup et à tout jamais, mais je dois dépendre de Jésus continuellement.
Comme les disciples ce jour-là, servir signifie recevoir ce que le Seigneur nous donne, et sans cesse retourner vers lui quand nos mains sont vides. C’est là le mode de vie et de service que Christ attend de nous. Et ce dont nous avons besoin, Christ nous le donne ! Ce n’est pas toujours ce que nous voudrions, mais ce dont nous avons besoin. Plus de maîtrise de soi, plus de courage, plus d’amour à donner, plus de persévérance, plus d’humilité, plus de foi : quand je manque de tout cela, je peux et je dois retourner vers Christ pour les recevoir. Tout cela ne se trouve pas en moi, toujours prêt à servir, mais je le reçois de la main de Christ, quand je vais à lui.
Les Cahiers de l’École Pastorale ne remplaceront jamais le Christ. Notre revue est, tout au plus, un don de Dieu pour ses serviteurs aux mains vides. C’est lui qui pourvoit à tous les besoins du ministère, et s’il se plait à utiliser les Cahiers à cette fin, nous en sommes bien sûr reconnaissants. Mais ce que notre revue et ses articles veulent communiquer avant tout, c’est que Christ est la source de tout don, de toute aide, de toute bénédiction. Ne le perdons jamais de vue !
Bonne lecture !