En 1702, la manufacture royale des glaces a subi de nombreuses faillites spectaculaires. C’est une mauvaise affaire. Aussi le gouvernement de Louis XIV a-t-il l’idée lumineuse d’échanger une autorisation d’achat de blé en France contre la participation des banquiers genevois à la création d’une nouvelle compagnie.
Aussitôt dit, aussitôt fait. La majorité du capital de la nouvelle compagnie est souscrit par des banquiers parisiens d‘origine protestante et par un banquier genevois Jacques Buisson, associé de la maison genevoise "Antoine Saladin et Fils", illustre nom de la banque protestante, issue elle-même, du refuge huguenot français du 17ème siècle.
Étrange montage financier, entre Louis XIV et des protestants, quelques années seulement après la Révocation de l‘Édit de Nantes! C‘est stricto sensu de cette Compagnie de 1702, dite Dagincourt (c‘est l‘homme de paille de Buisson dans bien des affaires) que procède juridiquement l‘actuelle Compagnie de Saint-Gobain.
Car ce qui devait être une mauvaise affaire pour les genevois se révèlera être l‘occasion du sauvetage définitif de la manufacture !
Les nouveaux administrateurs sont certes familiers des règles comptables, des problèmes d‘inventaires, des fonds de roulement, dont la méconnaissance avait causé la perte des sociétés précédentes. Mais on peut penser aussi que les changements dans les règles de gestion n’expliquent pas tout. On peut y voir « clin d‘œil de la Providence »...