18 mai 1799. Beaumarchais et le protestantisme.
Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799), mort le 18 mai 1799, est un écrivain, dramaturge et homme d’affaires français.
Caron
Pierre-Augustin Caron nait le 24 janvier 1732, septième des dix enfants de Marie-Louise et d'André-Charles, maître horloger à Paris, originaire de Meaux, issu d'une famille d'horlogers protestants, qui était lui-même devenu maître-horloger après avoir abjuré le protestantisme le 7 mars 1721. C'est un artisan reconnu, amateur d'art et créateur de la première montre squelette.
« André-Charles Caron était originaire de l'ancienne province de Brie ; il naquit le 26 avril 1698, près de Meaux, à Lizy-sur-Ourcq, petit bourg qui est devenu aujourd'hui une petite ville du département de Seine-et-Marne. Il était fils de Daniel Caron et de Maria Fortain, tous deux protestants réformés. Sa famille était nombreuse et pauvre, à en juger par les documents qui constatent son état civil.
« On sait que depuis la révocation de l'Edit de Nantes, en 1685, toute existence légale était refusée aux protestants. Indépendamment des persécutions exercées contre tous ceux qui faisaient acte de religion, leurs mariages et leurs enfants étaient tenus pour illégitimes.— Une des Eglises protestantes, qui résistèrent le plus à ce régime d'oppression, fut l'Eglise réformée de Brie. Elle ne céda ni à l'éloquence de Bossuet ni aux dragonnades, et les protestants continuèrent à faire bénir leurs mariages au Désert, c'est-à-dire dans un asile écarté, au fond des bois, par le ministère de quelque pasteur errant et fugitif. — C'est ainsi, sans doute, que furent mariés, en 1695, le grand-père et la grand'mère de Beaumarchais, et c'est peut-être de la main d'un de ces pasteurs fugitifs, que fut écrite sur un simple cahier la nomenclature des enfants nés de Daniel Caron et de Marie Fortain.
« Ces humbles archives d'une famille protestante commencent par cette pieuse formule : Nostre ayde et commencement soit au nom de Dieu qui a fait toutes choses. Amen (1695.)
« Suit la nomenclature de quatorze enfants, dont plusieurs moururent en bas âge, et dont le père de Beaumarchais est le quatrième. » L'acte qui le concerne est ainsi conçu :
« Le 26 avril 1698, est né André Charles Caron, fils de Daniel Caron et de Marie Fortain, et a eu pour parrain André Poupar, son cousin, et pour marraine Charlotte Caron, aussy cousine. » Le premier acte de ce petit registre domestique est du 18 juin 1695, et le quatorzième et dernier du 6 mai 1708.
Pierre-Augustin nous a dépeint son père sous les traits d'un homme animé de sentiments religieux. « La piété, la résignation même de mon vénérable père, » dit-il lorsqu'il est en prison, poursuivi par la haine de ses ennemis, « aggravait encore mes peines. En me disant avec onction de recourir à Dieu, seul dispensateur des biens et des maux, il me faisait sentir plus vivement le peu de justice « que je devais espérer des hommes ». Il dit ailleurs : « Mes amis se taisaient, mes « sœurs pleuraient, mon père priait. »
... de Beaumarchais
Pierre-Augustin est apprenti chez son père dès l'âge de 13 ans.
Il donne du fil à retordre à son père, qui le chasse quelque temps de la maison familiale, mais finit par devenir un artisan compétent, puisqu'il invente en 1753 un nouveau mécanisme d'échappement, dit à hampe ou à double virgule (peu utilisé aujourd'hui du fait des problèmes de frottement).
Ce sera l'occasion d'une première controverse : l'horloger du Roi Jean-André Lepaute s'attribue l'invention et Beaumarchais doit faire appel à l'Académie des Sciences pour que lui soit reconnue la propriété de l'invention. Il devient fournisseur de la famille royale. Il ne tarde toutefois pas à abandonner l'horlogerie. Ce sera Jean-Antoine Lépine qui le remplacera dans l'atelier paternel, et qui en épousant Madeleine-Françoise (dite Fanchon) deviendra l'associé en 1756, puis le successeur d'André-Charles Caron.
Lorsque Pierre-Augustin Caron épouse Madeleine-Catherine Aubertin, en 1756, il découvre qu’elle dispose de la terre de Beaumarchais. Et voilà comment le maître de harpe des filles du roi peut se permettre de signer son courrier « Caron de Beaumarchais ». Bientôt, « de Beaumarchais, secrétaire du roi et contrôleur de sa maison au grand commun de Versailles » oubliera le pauvre Caron.
Éditeur de voltaire, il est aussi à l'origine de la première loi en faveur du droit d’auteur et le fondateur d e la Société des auteurs. C'est un homme d'action et de combats qui ne semble jamais désarmé face à un ennemi ou à l'adversité (espionnage, marchand d’armes).
Son existence est tout entière marquée par l'empreinte du théâtre et s'il est principalement connu pour son œuvre dramatique, en particulier la trilogie de Figaro, sa vie se mêle étrangement à ses œuvres.
Il est considéré comme un des annonciateurs de la liberté d'opinion ainsi résumée dans sa plus célèbre pièce, le Mariage de Figaro :
« Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur, il n'y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits»
Des gènes religieux ont-ils marqué Pierre-Augustin Caron ? (1)
« Jamais il ne renia ses origines protestantes. Son biographe, Maurice Lever trouve « des traces de protestantisme » dans son comportement : « son appétit de liberté, son indépendance de pensée et plus encore, peut-être, son rapport à l'argent et une conception pragmatique très moderne du commerce et de l'industrie ».
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(1) Jean-Charles DUQUESNE, La Croix, 22 avril 1999.