La résurrection se colore d'enjeux bien plus forts lorsque l'on se trouve confronté au fait, toujours brutal, de la mort elle-même : quelle réalité derrière le mot « résurrection » ?
La Bible n'élude pas le fait massif, incontournable, inacceptable de la mort. Nulle part elle ne l'intègre dans « l'histoire de la vie », comme un élément naturel du cycle. Nulle part elle n'en compense la blessure par de multiples descriptions consolantes de l'après-mort. Cette attitude étonne. Mais rassure, aussi : l'espérance biblique n'est ni fuite, ni négation de la réalité.
Il faudra la force d'un événement-de-vie attesté, incontournable, pour que la parole de l'espérance s'élève dans toute son ampleur face à l'implacable réalité : Jésus, réellement mort, est revenu à la vie, a été vu, authentifié par de multiples témoins et reconnu. Il s'agit là d'une victoire sur la mort, sur le terrain même où elle a frappé : « Jésus-Christ a détruit la mort et a mis en évidence la vie et l'immortalité par l'Évangile »(1).
Avant cela, la résurrection était anticipée par la certitude en la fidélité de Dieu pour les siens(2) et la confiance en sa puissance de création et de salut(3). Désormais, toute l'espérance se dit à partir de Jésus-Christ, pleinement manifesté comme celui qui est « la résurrection et la vie »(4). Premier-né d'entre les morts, il ressuscitera tout homme, au jour de la résurrection générale qu'il a annoncée : ceux qui auront cru ressusciteront pour la vie, les autres pour le jugement(5).
La résurrection du Christ est une victoire définitive sur la mort : « Jésus-Christ, ressuscité, ne meurt plus »(6). Dans son plein sens, la résurrection est donc plus que le retour à la vie : elle fait entrer dans un état de vie éternelle. Pour la Bible, la mort est la conséquence du mal : la résurrection de l'humanité est donc liée, dans l'espérance chrétienne, à une restauration de toute la création, dont le mal et la mort seront totalement extirpés(7).
L'identité du Christ a été préservée au travers de la mort. Sa résurrection confirme ce que dit la Bible sur la valeur unique et éternelle que Dieu accorde à chaque personne dans son identité propre. Ressusciter, ce n'est pas revenir à la vie sous une forme, puis une autre, dans la logique dépersonnalisante de la réincarnation. C'est, au contraire, recevoir de Dieu un corps nouveau, libre de toute imperfection, dans la continuité de l'identité personnelle(8).
Toute notre vie se trouve ainsi éclairée comme unique et irremplaçable. D'où l'importance décisive de la foi personnelle en Jésus-Christ. D'autant que s'ouvrir au Christ dans la foi, c'est déjà connaître, aujourd'hui, quelque chose de « la puissance de sa résurrection »(9).