Le pasteur Jules Vincent (11 mai 1875-17 septembre 1954), est une des personnalités les plus actives en faveur des réfugiés dans le Canton de Vaud. Pasteur et dans l’Eglise nationale vaudoise en 1888 et l’exerce tout d'abord à Château-d'Oex puis à Lausanne, où il est également secrétaire général des Union chrétiennes de jeunes gens. Dès 1932, il devient le secrétaire général puis le président de la Société des Écoles du dimanche. Il est également membre fondateur du Camp de Vaumarcus et du Comité inter ecclésiastique à Lausanne.
Jules Vincent qui s’occupait de l’évangélisation populaire de la paroisse de Saint-François depuis 1933, fut sans doute le pasteur le plus engagé aux côtés des réfugiés et cela dès les débuts de l’afflux de réfugiés.
La « Commission de secours aux réfugiés évangéliques » créée en 1939, qu’il présida en 1942, put aider entre 18 et 75 personnes par an durant dix ans. Elle ne fut financièrement soutenue que par la charité publique, ce qui fera qu’elle sera sans arrêt préoccupée de trouver l’argent nécessaire à son action.
Aida-t-elle exclusivement des chrétiens ? Chaque communauté épaulait ses coreligionnaires. Toutefois, les archives ne relèvent pas trace d’obligation de présenter un certificat de baptême prouvant la confession des réfugiés. Dans l’urgence et l’afflux toujours plus important des réfugiés, les priorités dictées sur le terrain furent sans doute bien ailleurs.
Jules Vincent est l’auteur d’ouvrages... sur l'Institution des diaconesses de Saint-Loup, Alexandre Vinet, et sur la souffrance des "innocents". On lui doit également des textes sur Charlotte Olivier, Pierre Viret et Pestalozzi. Il est aussi de récits missionnaires pour la Mission de Bâle. Il a écrit des cantates de Noël pour choeur d’enfants et des récits de Noël.
Il est décédé le 17 septembre 1954 à Saint-Loup.
Bénissons Dieu, notre Roi (Cantique de Jules Vincent) :
Bénissons Dieu notre roi,
Le puissant roi de gloire !
De ses bienfaits incessants,
Célébrons la mémoire !
Et qu'en tous lieux,
Sur la terre et dans les cieux,
Montent les chants de louange !
Bénissons Dieu notre roi,
Dont la main étendue
Porte ses faibles enfants
Comme l'aigle en la nue !
Il nous guérit.
Son pouvoir est infini,
Il nous remplit d'allégresse.
Bénissons Dieu, notre roi,
Qui toujours fait justice,
À l'orgueilleux, redoutable,
Aux plus humbles, propice !
Riche en bonté
Pour ses enfants révoltés,
Son amour est sans limite.
Ne va pas seul
Ne va pas seul vers la rive enchantée
Où tu crois voir resplendir le bonheur !
L’hymne au plaisir si doucement chantée,
L’air embaumé d’enivrantes senteurs,
Les rires fous, les cris, les coupes pleines
Ont pour ton cœur d’invincibles appas...
Mais la mort veille, en ces riantes plaines
Ne va pas seul, tu ne reviendrais pas !
Ne va pas seul où le devoir t’appelle
Plus grand encore que tu ne le pressens !
Il faut dompter la nature rebelle,
Le coeur, l’esprit et la chair et le sang !
Il faut lutter dès l’heure matinale
Jusqu’au soir, à l’heure du trépas :
Avec le mal la lutte est inégale...
Ne va pas seul, car tu ne vaincrais pas.
Ne va pas seul ; mais pour la vie entière
Choisis le Christ comme guide et soutien !
Tu vois déjà dans la noble carrière
Son pas marqué pour assurer le tien.
Le cours est bref des terrestres journées
Il faut marcher quand la lumière luit.
Ne va pas seul ! Dès tes jeunes années
Va avec Lui, pour toujours avec Lui !
Adoration et service chrétien: "Les maçons du Roi"
A Rouen, bourg sacré parmi les bourgs de France,
Ils ont dressé jadis l’incomparable tour
Et, tout vibrants encore de leur belle vaillance,
Ils l’ont offerte à Dieu, comme une fleur d’amour.
Aucun ne mit son nom sur l’œuvre terminée,
Ni le frère sculpteur, ni le grand maître ès art,
Ni celui qui enchâsse en la forme plombée
Le verre translucide aux multiples couleurs.
Un seul, au nom de tous, dressa l’acte authentique,
Selon les us sacrés de l’œuvre de la foi,
Signant le parchemin de sa lourde gothique :
« Ceux qui ont fait cela sont les Maçons du Roy ».
Nous aussi nous voulons élever notre tour,
Dresser jusques au ciel l’idéale demeure
Où communieront les affamés d’amour.
Poser, bloc après bloc, jusqu’à ce que la voûte
Etreigne de douceur les lassés de la route
Et rende au pèlerin la chaleur du foyer.
Sans un retard enfin, orner le sanctuaire
De feuillages et de fleurs taillés aux chapiteaux ;
Etendre sur le sol le tapis de lumière
Que le soleil allume au brasier des vitraux.
Faire ce qu’on doit faire, être ce qu’on doit être :
Ou l’artisan docile au seul penser du Maître,
Ou l’apprenti qui porte et le sable et la chaux.
Puis, disparaître un jour, sans plus laisser de traces,
Heureux d’avoir été des hommes au cœur droit
Qui n’ont jamais voulu, dans leur vouloir tenace
Qu’être tous, ici-bas de bons Maçons du Roy.