12 avril 1935. Jésus au cinéma

publié le 12 April 2023 à 02h01 par José LONCKE

12 avril 1935. Jésus au cinéma

Avec l’avènement du cinéma parlant, Julien Duvivier donne à Jésus pour la première fois une voix dans Golgotha (1935).

Il s'agit du premier film parlant de l'histoire du cinéma dans lequel on entend la voix « en direct » de Jésus. Ici, le Christ est le plus souvent montré à distance respectueuse - comme ce sera le cas des films Quo Vadis (1951), La Tunique (1953) ou Ben Hur (1959). Mais il y a également quelques plans rapprochés de Jésus (incarné par l'acteur Robert Le Vigan, et même des gros plans.

Date de sortie : 10 avril 1935 en France ou 12 avril 1935  (Source Musée Jean Gabin qui y joue un surprenant Ponce Pilate), reprise en salles le  15 janvier 1941.

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Voici des extraits d’un article de Jean-Luc Gadreau, paru dans le numéro de Croire et Vivre de Mai 2023 consacré au Cinéma.

Adapter l’Évangile ou pas

… On comprend que les dialogues peuvent vite devenir le point faible de l'adaptation cinématographique d'un Évangile, un obstacle sérieux à travers lequel le réalisateur et le scénariste doivent manœuvrer. Dans L'Évangile selon Matthieu (1964), le réalisateur Pier Paolo Pasolini choisit donc d'utiliser uniquement les mots de l'évangile de Matthieu pour ses dialogues. Cette solution est avantageuse, car le public est habitué à associer les mots de l'Évangile à Jésus, de sorte qu'ils sonnent sans doute plus naturellement. Dans La Passion du Christ (2004), Mel Gibson a rédigé les dialogues en araméen, en hébreu et en latin. Cela donne un ton historique efficace et crée une distance affective entre les spectateurs et le sujet du film. Un Jésus s'exprimant dans une langue de la Palestine du premier siècle conserve une altérité et une étrangeté majestueuses pour les spectateurs occidentaux du 21e siècle.

À l’inverse, La dernière tentation du Christ (1988) de Martin Scorsese est un exemple typique de dialogues contemporains. Adaptant le film du roman de 1955 de Nikos Kazantzakis, Scorsese écrit dans un anglais familier venant comme une forme de réaction aux dialogues guindés des films sur Jésus des années 60/70 : Jésus de Nazareth (1977), Le Roi des Rois (1961), La plus belle histoire jamais contée (1965). 

Un personnage universel, de tous les temps

Face aux défis, de nombreux films à teneur biblique ont biaisé, montrant Jésus de manière indirecte. Un personnage du premier siècle rencontre le Christ comme dans Ben-Hur (1925 et 1959) et La Tunique (1953).

Les frères Coen reprendront efficacement ce stratagème dans leur Ave, César (2016). On pourra aussi penser à d’autres comédies cherchant à désacraliser le personnage et l’histoire, et déclenchant naturellement de nombreuses protestations, comme le film des Monty Python, La vie de Brian (1979), La Folle Histoire du Monde (1981) de Mel Brooks ou plus récemment en 2015 Le Tout Nouveau Testament du réalisateur belge Jaco Van Dormael.

D'autres films créent simplement des post-figurations du Christ : l'amour rédempteur d'une femme française dans Le Festin de Babette (1987), ou le sort misérable d'un âne exploité dans Au Hasard Balthazar (1966) de Robert Bresson. Ces personnages témoignent alors du pouvoir de transformation du Christ et des résonances universelles de son histoire.


Evoquons encore deux films qui se distinguent comme relevant le défi de présenter un Jésus cinématographique, de manière symbolique et sacramentelle. Bien qu'aucun d’eux ne se déroule dans la Palestine du premier siècle, Godspell (1973) de David Greene et Jésus de Montréal (1989) de Denys Arcand présentent des récits évangéliques élégants et sincères.

Les deux films capturent le message et la saveur particulière des Évangiles, tout en incitant les spectateurs à regarder au-delà du portrait peint. Ils n'hésitent pas à présenter le personnage de Jésus lui-même dans leurs histoires du 20e siècle, et ils peignent leurs portraits filmiques respectifs de Jésus par des coups de pinceau qui ramènent inlassablement au personnage raconté dans les Évangiles.

... Avec la série The Chosen, diffusée sur une chaîne de télévision française, et la sortie en 2023 de The Way Of The Wind - Le chemin du vent du réalisateur Terrence Malick, le personnage de Jésus, vu par le cinéma, anime les discussions et les points de vue. Dans la série américaine, c’est un Jésus voulu plutôt « normal », passé par le prisme de la vie de ses disciples, tandis que pour Malick, cette épopée biblique raconte l’histoire à travers une série de paraboles, afin de créer une « expérience hautement spirituelle ».

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